ALZHEIMER : SAVOIR POUR MAÎTRISER LES RISQUES ...
LES NOUVEAUX TRAITEMENTS NATURELS VALIDÉS PAR LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
N° 74 Novembre 2017
Introduction
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2
Des dégâts détectables quinze ans avant l’apparition des premiers symptômes !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2
Êtes-vous génétiquement prédisposé à développer la maladie d’Alzheimer ?
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5
Quand l’inflammation attaque le cerveau
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
8
Alzheimer, un diabète de type 3 ?
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
10
Le stress serait-il un tueur de neurones ?
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12
Glossaire
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
15
NE LAISSEZ PAS
LA MALADIE
D’ALZHEIMER
VOUS CONDAMNER
TOUT CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR
POUR MAÎTRISER LES RISQUES
C’est une révolution dans le monde médical ! Bientôt, ce n’est plus votre médecin qui
vous diagnostiquera la maladie d’Alzheimer mais... un
robot
Vous avez bien lu. Une équipe de chercheurs italiens a récemment mis au point une
intelligence artificielle (IA) capable de détecter la maladie d’Alzheimer dix ans avant
l’apparition des premiers symptômes* ! L’IA a été formée pour reconnaître les signes
de déficience cognitive légère pouvant entraîner à terme une maladie d’Alzheimer. Et
l’analyse est juste dans 84 % des cas !
Cette découverte aurait toutes les chances de nous donner de l’espoir... si la médecine clas
sique n’était pas si impuissante face à la maladie d’Alzheimer. Si elle ne vous disait pas qu’on
« ne peut rien faire pour prévenir la maladie » et qu’« aucun traitement n’est efficace ».
Il est vrai que les causes qui peuvent se cacher derrière Alzheimer sont nombreuses,
comme le montre le Dr Curtay dans ce numéro. Mais il révèle aussi que la plupart d’entre
elles peuvent être maîtrisées, et que vous avez donc toutes les cartes en main pour ne
pas sombrer dans la démence.
Samira Leroux
Vous pouvez accéder à la première partie du grand dossier sur la maladie d’Alzheimer
en vous rendant à l’adresse suivante :
https://sni.media/OkeY
*
N. Amoroso, M. La Rocca, S. Bruno
et al
., « Brain structural connectivity atrophy in Alzheimer’s disease »,
Cornell University Library
, 2017.
Ne laissez pas la maladie d'Alzheimer vous condamner
8
www .santenatureinnovation .com
Quand l’inflammation attaque le cerveau
8. De même que les autres sources de molécules de Maillard comme les chips, les aliments frits, le café, etc.
Il ne fait aucun doute que toute forme d’inflammation
est un facteur majeur, incontournable, du risque de
maladie d’Alzheimer.
Voici une liste non exhaustive de toutes les situations
associées à de l’inflammation :
•
stress ;
•
dépression ;
•
insomnie ;
•
surpoids ;
•
sédentarité ;
•
alimentation inflammatoire (riche en viandes,
sucres rapides et graisses saturées
; pauvre en végé
taux, en fibres et en polyphénols) ;
•
déséquilibre de la flore digestive ;
•
excès de fer et/ou de cuivre ;
•
déficits ou carences en vitamines
D, E, antioxy
dants, magnésium, zinc et acides gras oméga-3 ;
•
tabac ;
•
exposition à des polluants divers, dont la pollution
aérienne, l’acroléine, le mercure, l’aluminium et les
perturbateurs endocriniens ;
•
diabète ;
•
hypertension et pathologies cardio-vasculaires ;
•
infections chroniques, dont maladie de Lyme.
Un très grand nombre d’études ont associé ces situa
-
tions à une accélération du vieillissement cérébral, à
une élévation des risques de déclin cognitif, de mala
-
die d’Alzheimer et d’autres démences.
On a démontré que l’un des chefs d’orchestre de
l’inflammation,
NF kappa B
, activait les bêta et gam
ma sécrétases. Il provoque donc une augmenta
tion des protéines bêta-amyloïdes et contribue à la
« synapsoporose ».
Cet aliment augmente
grandement votre risque
de développer Alzheimer
L’aliment le plus inflammatoire, c’est la
viande
. Cela
est dû à la présence de fer, mais aussi d’acide arachido
nique, de leucine – qui stimule le chef d’orchestre de
l’inflammation : mTOR – et d’endotoxines. Le passage
des endotoxines est fortement favorisé par le fait que
les carnivores ont une flore elle aussi inflammatoire.
Les végétaux, riches en fibres et en polyphénols, font
l’effet inverse.
Par ailleurs, un large éventail d’études montre que
plus on consomme de viande, plus le risque de mala
die d’Alzheimer augmente. À l’inverse, consommer
des végétaux protège.
Le suivi de cohortes japonaises, qui mangent beau
coup plus de viande qu’auparavant, suite à l’introduc
tion du modèle étatsunien après la Deuxième Guerre
mondiale, a montré qu’après un délai d’une vingtaine
d’années, l’incidence de la maladie d’Alzheimer avait
suivi la même ascension.
Dans la cohorte
Washington Heights-Inwood Commu
-
nity Aging Project
(WHICAP), les viandes roussies et
noircies, riches en molécules de Maillard
8
, se révèlent
aussi être un facteur de risque. Selon de plus en plus
de chercheurs, ces protéines altérées qui s’accumulent
dans le tube digestif pourraient migrer via le nerf
vague jusque dans le cerveau et s’y exporter de ma
-
nière « infectieuse » par des exosomes.
La dernière synthèse réalisée en 2016 par le
Nutrition
and Health Research Center
de San Francisco, à partir
des études réalisées dans dix pays, conclut que :
•
consommer de la viande constitue
le facteur le plus
puissant associé au risque de maladie d’Alzheimer
;
•
vient ensuite la consommation d’œufs, puis de pro
duits laitiers riches en graisses ;
•
consommer des céréales, légumes, fruits et pois
-
sons est protecteur ;
•
un statut supérieur en vitamine
D, elle aussi anti-
inflammatoire, est aussi protecteur.
Ne laissez pas la maladie d'Alzheimer vous condamner
9
Consommer des graisses inflammatoires (saturées et
trans), à la place des mono-insaturées et oméga-3,
accroît également les risques dans de nombreuses
études, comme la
Chicago Health and Eating Study
.
Dans une étude australienne menée chez 249 per
sonnes âgées de 65 à 90
ans présentant des troubles
de la mémoire sans maladie d’Alzheimer, celles qui
consommaient le plus de produits agro-alimentaires
industriels couraient un risque de dégradation au test
Cambridge Cognitive Examination
de 155
% plus élevé
que celles qui en consommaient le moins.
Ces facteurs se cumulent, par exemple chez ceux qui
absorbent plus de graisses saturées et ont des apports
supérieurs en cuivre, surtout lorsque celui-ci est pris
en complément : plus il y a de cuivre dans les com
pléments, plus le risque augmente.
D’autres études
avaient déjà montré que la présence de cuivre dans
des compléments alimentaires ou de fer augmentait
fortement la mortalité de toutes causes.
Ce phénomène est aggravé par le fait que le fer et le cuivre,
violemment pro-oxydants et pro-inflammatoires, sont
déjà utilisés dans de nombreuses aires cérébrales.
Par exemple, il faut du cuivre pour catalyser le passage
de la dopamine à la noradrénaline. À tel point que le
centre de l’attention, de la concentration et de la combativité s’appelle le «
locus cœruleus
» «
lieu bleuté
»
du fait de sa concentration en cuivre.
De la même façon, il faut que le fer intervienne pour
produire la dopamine.
Malheureusement, la baisse des protections contre
ces métaux pro-inflammatoires contribue à faire ex
ploser les dégâts neuronaux, comme les études des
anatomopathologistes l’ont montré pour les maladies
d’Alzheimer et de Parkinson
Notre cerveau est l’organe le
plus exposé au vieillissement !
Même sans fer ni cuivre, le cerveau est déjà particu
lièrement sujet au stress oxydatif. En effet, contrai
rement à ce que l’on pense, le cerveau est un grand
consommateur d’énergie. Il ne pèse que 2 à 3
% du
poids du corps, mais il consomme de 25 à 30
% de
l’oxygène et du glucose total dont nous avons chaque
jour besoin. De ce fait, il produit plus de radicaux
libres que la plupart des autres organes. Et ce stress
oxydatif engendre lui-même de l’inflammation.
Les dégâts oxydatifs qui touchent l’ADN sont les plus
graves. Or les études les plus récentes montrent que
non seulement les altérations de l’ADN augmentent
avec l’âge dans les neurones, mais que les capacités
de réparation de l’ADN sont de plus en plus réduites.
On constate que les dégradations les plus nombreuses
de l’ADN ont lieu dans les maladies d’Alzheimer et
de Parkinson. Ces maladies apparaissent de ce fait à
nouveau comme des formes plus intenses de vieillis
sement cérébral.
Quant aux centrales énergétiques des neurones, les mi
tochondries, où l’on brûle le glucose au feu de l’oxygène,
elles sont aux premières loges de ces stress oxydatif et in
flammatoire. De nombreux travaux ont mis en évidence
que les mitochondries des neurones fonctionnaient
moins bien avec l’âge. Cela réduit l’énergie disponible
pour que les neurones se réparent et fonctionnent.
Par ailleurs, comme nous l’avons vu dans le numéro
précédent, les protéines bêta-amyloïdes déclenchent
une réaction d’inflammation : elles attirent des cel
lules astrocytaires et de la microglie qui cherchent à
débarrasser le neurone de ces protéines. ApoE4 ac
tive, lui aussi, des mécanismes inflammatoires.
Les neurones sont entourés de plusieurs centaines
de milliards de cellules. On les appelle « astrocytes
» parce qu’elles sont en forme d’étoile.
Les astrocytes soutiennent physiquement le réseau tri
dimensionnel des neurones, recyclent les neurotrans
metteurs, mais sont aussi activés par le calcium. Or le
calcium en excès mène à des émissions d’agents inflam
matoires comme le TNF alpha et les prostaglandines.
À toute petite dose, ces médiateurs, même s’ils sont
inflammatoires, jouent des rôles utiles de neuromo
dulateurs. Mais dès que leur quantité augmente, qu’il
existe des facteurs de risque comme une inflammation
générale, une intolérance au glucose, des carences, des
allèles ApoE4... l’inflammation entraîne :
un déséquilibre de la balance synapsoblastique/
synapsoclastique (les synapses se détruisent pro
gressivement) ;
une accumulation et une agrégation de protéines
bêta-amyloïdes autour des neurones, puis de pro
téines tau à l’intérieur ;
•
une sous-nutrition du neurone ;
•
et finalement la destruction des neurones soit par
suicide cellulaire (apoptose) soit par excitotoxicité,
un mécanisme lié à une entrée excessive de calcium
dans des récepteurs appelés
NMDA
*, sensibles au
glutamate.
Ne laissez pas la maladie d'Alzheimer vous condamner
10
www .santenatureinnovation .com
Alzheimer, un diabète de type 3 ?
9.
Littéralement, « facteur neurotrophique issu du cerveau ».
10.
1 554 individus très âgés, dont 684 centenaires des cohortes
Tokyo Oldest Old Survey on Total Health
(TOOTH),
Tokyo Centenarians Study
(TCS) et
Japanese Semi-Supercentenarians Study
(JSS).
L’expression a été inventée par le Pr Suzanne de la
Monte de l’université
Brown à Providence aux États-
Unis
,
qui a eu le grand mérite de mettre en avant les
facteurs métaboliques derrière la maladie d’Alzheimer.
La baisse du métabolisme du glucose dans les neu
rones (visible à l’imagerie cérébrale), la dysfonction
des mitochondries, le stress oxydatif, l’inflammation,
l’altération des protéines, le déséquilibre synapsoclas
tique présentent tous des liens avec une intolérance
au glucose et une désensibilisation à l’insuline.
Les diabétiques présentent :
•
de l’inflammation ;
•
des altérations de la flore digestive ;
•
une glycation élevée des protéines, qui se défor
ment et deviennent « collantes
», s’inactivent et
s’oxydent plus facilement ;
•
des déficits en nutriments qui retentissent sur les
fonctions cognitives, comme ceux en vitamines B
et en magnésium ;
•
des pathologies cardio-vasculaires qui retentissent
aussi sur la circulation cérébrale.
Ils connaissent un vieillissement global accéléré et
font de nombreuses pathologies dégénératives plus
jeunes que les non-diabétiques.
Dans les études épidémiologiques, les diabétiques
connaissent une augmentation de 30 à 110
% du
risque de maladie d’Alzheimer ou mixte (Alzheimer
et vasculaire).
Mais même chez les non-déments, les altérations co
gnitives sont significatives. Trois études comparent
des patients diabétiques âgés de 65
à 76
ans
à des sujets
contrôles. Alors que deux études excluent les patients
déments, la troisième inclut tous les patients ayant un
MMSE (le test d’évaluation cognitive de référence)
supérieur
à 10. Toutes ont constaté une altération
des fonctions exécutives. La vitesse de traitement de
l’information était diminuée. Même si les diabétiques
ne déclarent pas de maladie d’Alzheimer, ils sont donc
victimes d’un déclin cognitif précoce.
La glycation des protéines rend ces dernières plus
susceptibles d’être altérées par les stress oxydatif et
inflammatoire. La glycation peut donc être un facteur
de déformation et d’agrégation des protéines, aussi
bien bêta-amyloïdes que tau.
Une partie des protéines glyquées se transforment en
molécules de Maillard, qui se fixent sur des récepteurs
et provoquent encore de l’inflammation.
Important si vous vivez des épisodes dépressifs !
Dans la dépression, le diabète, la maladie d’Alzhei
mer et les autres maladies neurodégénératives, on
constate une baisse importante de
BDNF
* (
brain-de
rived neurotrophic factor
9
). Or BDNF est un facteur de
différenciation des neurones ; il protège ces derniers
contre différents stress en multipliant les synapses.
Cela explique en partie que la simple dépression
puisse affecter les capacités de mémorisation, mais
aussi que des dépressions prolongées ou répétées
puissent augmenter le risque d’Alzheimer.
Les chercheurs ont fait d’autres constatations intéres
santes : BDNF contribue à réduire les risques d’into
lérance au glucose. Et, encore plus intéressant, les
activités physiques, les acides gras oméga-3 et la vita
mine B12 aident à faire remonter les niveaux de BDNF.
Il est maintenant possible de faire doser ce BDNF
dans le sang afin de compléter le bilan de ses fac
teurs de risque et voir si les mesures prises sont suf
fisamment efficaces.
Parmi les marqueurs étudiés sur plusieurs cohortes
d’individus japonais
10
(insulinorésistance, dyslipidémie,
fonctions hépatique et rénale, longueur des télomères,
inflammation), on a découvert que seuls les marqueurs
de l’inflammation étaient prédicteurs des performances
cognitives et exécutives ainsi que de la mortalité.
Or la majorité de nos populations conjuguent de nom
breux facteurs d’inflammation : pollution aérienne,
excès de viandes, manque de végétaux, déséquilibres
de la flore digestive, carences en vitamine D, stress,
sédentarité, sommeil insuffisamment réparateur...
Notre environnement actuel est tout simplement pa
thogène. Il favorise non seulement la maladie d’Alzhei
mer, mais aussi toutes les maladies dégénératives.
Ne laissez pas la maladie d'Alzheimer vous condamner
11
Par ailleurs, tous les auteurs s’accordent pour affirmer
que la plupart des patients d’Alzheimer ont aussi été
victimes soit de problèmes vasculaires, soit d’acci
dents ischémiques transitoires, d’accidents vasculaires
cérébraux ou de microangiopathies. Or la plupart
des diabétiques sont en surpoids et présentent aussi
d’autres altérations métaboliques, avant même d’être
diabétiques
: surpoids, hypertension, dyslipidémies...
tous des facteurs de risque cardio-vasculaire (ce qu’on
appelle le « syndrome métabolique »).
S’ajoute un autre mécanisme possible associant l’into
lérance au glucose et la maladie d’Alzheimer. L’insen
sibilité à l’insuline oblige le pancréas à en sécréter plus
pour faire entrer le glucose dans les cellules.
Une fois que l’insuline a effectué sa mission, elle est
détruite par l’IDE, ou
insulin degrading enzyme
. Or
l’IDE intervient aussi pour décomposer la protéine
bêta-amyloïde !
Résultat
: selon certains chercheurs, l’hyperinsuliné
-
mie surmobilise l’IDE et réduit sa capacité à éliminer
la protéine bêta-amyloïde.
Le minéral essentiel pour
contrôler la glycémie
La vitamine la plus importante pour métaboliser le glu
cose est la vitamine
B1. Elle est surutilisée dans le diabète,
et les diabétiques en sont plus souvent déficitaires que les
non-diabétiques. Or la vitamine B1, transformée en TPP
(thiamine pyrophosphate), est un co-neurotransmetteur
de l’acétylcholine, le neurotransmetteur le plus affecté
dans la maladie d’Alzheimer. Cela veut dire qu’il doit être
sécrété en même temps que l’acétylcholine pour que la
neurotransmission soit efficace.
La transformation de la vitamine B1 en TPP s’effectue
grâce à une phosphorylation qui nécessite du magné
sium. Or les études mettent en évidence que le déficit
magnésien concerne la majeure partie de la popula
tion, qu’il accroît l’intolérance au glucose par plusieurs
mécanismes
: il faut également phosphoryler le récep
teur à l’insuline pour qu’il soit actif, et le magnésium
est indispensable à chaque étape du passage du glu
cose à l’ATP. Plus on manque de magnésium, moins
il en entre dans les cellules, moins on transforme le
glucose en énergie, et plus la glycémie s’élève.
La plupart des autres vitamines
B, qui sont également
importantes pour le fonctionnement neuronal, en
particulier les vitamines B9 et
B12, sont aussi plus
souvent et plus profondément déficientes chez les
diabétiques que chez les non-diabétiques.
Le déficit magnésien est plus profond chez les diabé
tiques que chez les non-diabétiques, et ce déficit est
même considéré par des diabétologues comme un co-
facteur pathophysiologique du diabète.
Mais la relation entre les altérations du métabolisme
du glucose et la maladie d’Alzheimer ne se limite pas
au diabète lui-même. Les études que nous avons évo
quées,
comme celle d’Edward Goetzl
,
montrent que
l’insensibilité à l’insuline est détectable dans les exo
somes provenant des neurones, même s’il n’y a pas
d’intolérance au glucose dans les autres organes.
Des effets visibles en un mois !
L’équipe de Bayer Carter a mené à Seattle une étude
d’intervention d’un mois sur des personnes âgées soit
saines soit souffrant d’altération de la mémoire (sans
démence). Ils ont comparé les effets de la consomma
tion de faibles ou de fortes quantités de sucres rapides
et de graisses saturées.
Chez les sujets sains ayant suivi un régime riche en
sucres/graisses, on a constaté
une montée importante
dans le liquide céphalo-rachidien de la protéine bêta-amy
loïde et des marqueurs de l’inflammation
Dans le groupe qui connaissait déjà un déclin cognitif
associé à une agrégation de protéines bêta-amyloïdes,
les marqueurs de l’inflammation ont aussi monté,
mais les quantités de protéines bêta-amyloïdes so
lubles ont diminué dans le liquide céphalo-rachidien.
Cela s’explique par le fait que, comme chez les patients
d’Alzheimer, les protéines bêta-amyloïdes s’agrègent
autour des neurones. Nous verrons que cette baisse
est un des signes cliniques de la maladie d’Alzheimer.
Avec 375 mg de magnésium aux 100 g, les noix du Brésil sont les noix
les plus riches en magnésium, le minéral indispensable pour maîtriser
son taux de sucre.
Ne laissez pas la maladie d'Alzheimer vous condamner
12
www .santenatureinnovation .com
Lorsque les patients dont les facultés sont altérées sont
mis sous un régime pauvre en sucres/graisses, les quan
tités de protéines bêta-amyloïdes solubles s’élèvent de
nouveau et les marqueurs inflammatoires diminuent.
Chez les personnes saines, le régime pauvre en sucres/
graisses fait baisser les protéines bêta-amyloïdes, mais
aussi les marqueurs inflammatoires.
Et dans les deux groupes, à l’issue du régime pauvre en
sucres/graisses, les performances cognitives testées sur
la mémoire visuelle augmentent de façon significative.
Tout cela, je le répète, sur la durée d’un mois seule
ment. Impressionnant, non ?
Cela permet de mieux concevoir ce qui se passe sur
des années, voire des dizaines d’années.
Suzanne Craft, de la
Wake Forest School of Medicine
a sous
crit très tôt à la thèse de Suzanne de la Monte et a confirmé
que l’intolérance au glucose jouait un rôle important.
Elle a mené une étude déjà célèbre
:
Study of Nasal
Insulin to Fight Forgetfulness
, ou SNIFF.
Chez 104 adultes souffrant soit d’altérations cogni
tives soit d’Alzheimer, son équipe a administré par
un spray nasal soit 20 soit 40
UI d’insuline pendant
quatre mois. Par cette voie, l’insuline passe directe
ment dans le cerveau sans transiter par le sang et suit
ensuite deux voies
: l’une vers les parties antérieures
du cerveau, l’autre vers les parties postérieures.
Les tests cognitifs et exécutifs avant et après le traitement
ont été comparés. Dans le groupe placebo, le déclin est
significatif, et on observe une stabilité et une améliora
tion pour certains dans le groupe traité à l’insuline.
Par ailleurs, l’imagerie médicale et les analyses des
liquides céphalo-rachidiens montrent les mêmes
contrastes entre détérioration dans le groupe placebo
et stabilité ou amélioration dans le groupe insuline.
De ce fait, le
National Institute of Aging
et l’
Alzheimer’s
Disease Cooperative Study
ont diligenté une plus large
étude multicentrique (30
centres), actuellement en
cours, où le traitement durera un an et dont les résul
tats devraient être disponibles fin 2017.
La maladie d’Alzheimer est complexe, multifacto
rielle, et ne peut pas être décrite par une seule dimen
sion, même si celle-ci a des conséquences multiples,
protéiformes.
Nous n’aurons une chance d’être efficaces, que ce soit
en prévention comme en traitement, qu’en nous ef
forçant de faire le tour de toutes les dimensions aux
quelles nous pouvons avoir accès.
Les tentatives techno-réductionnistes pour maîtri
ser la maladie, que ce soit par des anticholinestérases,
des médicaments anti-amyloïdes ou anti-tau, se sont
toutes soldées par de retentissants – et très coûteux
– échecs. Et cela laisse encore aujourd’hui de plus en
plus de nos parents frappés par une fin pathétique.
Le stress serait-il un tueur de neurones ?
Le stress est un autre de ces facteurs qui accélèrent
grandement le vieillissement du cerveau.
Il est « neurotoxique » par plusieurs mécanismes :
•
la noradrénaline – le neurotransmetteur de la vigi
lance et de la combativité qui s’élève le plus suite
aux stress – fait entrer du calcium et du fer dans les
cellules. Ce calcium et ce fer ont des effets pro-oxy
dants et inflammatoires et peuvent endommager,
voire tuer les neurones ;
•
les circuits noradrénergiques activent ceux dépen
dant des neurotransmetteurs excitateurs, porteurs
de récepteurs NMDA.
Quand ils ne sont que modérément stimulés, les ré
cepteurs NMDA jouent un rôle important dans la
mémorisation et l’apprentissage.
Mais s’ils sont surstimulés, ou que des modulateurs
manquent, la quantité de calcium qui entre dans les
neurones est trop élevée, ce qui peut tétaniser les neu
rones et mener à leur mort.
Il y a toute une gradation de l’intensité de l’activation
de ces récepteurs NMDA :
•
modérément stimulés, ils contribuent à engranger
les souvenirs ;
Ne laissez pas la maladie d'Alzheimer vous condamner
13
•
très stimulés ou de manière trop rapprochée, ils
rendent le cerveau irritable
11
;
•
hyperstimulés, ils déclenchent des épilepsies ;
•
en cas de traumatisme crânien ou d’accident vascu
laire cérébral, ils tuent les neurones ;
•
mais ils finissent aussi par les tuer à force de petites
agressions répétées de type oxydatif ou inflamma
toire, associées à des stress psychologiques et des
déficits en outils modulateurs.
Quels sont les outils modulateurs du récepteur
NMDA ?
En dehors des outils de gestion du stress au quotidien
comme la méditation, ces outils modulateurs sont :
•
le
magnésium
, qui intervient comme modulateur
à chaque fois que le calcium est impliqué (un effet
que l’on appelle « inhibiteur calcique ») ;
•
le
zinc
, ce qui explique que nous allons aussi le re
-
trouver avec le magnésium comme protecteur des
neurones ;
•
les
antioxydants
.
Le problème, c’est que l’alimentation actuelle n’ap
porte pas suffisamment de magnésium, ni de zinc, ni
de plusieurs antioxydants. Pratiquement 100
% des
personnes non supplémentées en magnésium sont
déficientes
; 80
% pour le zinc. Ce chiffre s’élève à
100
% après 60
ans, car le zinc est alors moins bien
absorbé.
Le déficit en magnésium augmente la réactivité à tous
les stress, qu’ils soient psychologiques, inflamma
toires ou toxiques, sur le cerveau et sur l’ensemble des
systèmes. Par ailleurs, il accélère le vieillissement de
toutes les organes.
C’est l’un de mes « pères
», l’endocrinologue de l’hôpi
tal Cochin, Jean Durlach, fondateur de la Société pour
le développement de la recherche sur le magnésium
,
qui a été le premier à attirer l’attention sur ce phéno
mène et a organisé un congrès sur ce sujet. Il vient
malheureusement de nous quitter fin août 2017.
Un chercheur de l’université de Stanford, Robert Sa
polsky, a découvert que le second messager du stress,
le
cortisol
, agressait les neurones de l’hippocampe et
pouvait aussi entraîner leur mort.
11.
Irritable brain syndrome
, qui reprend le terme employé en anglais pour la colopathie :
irritable bowel syndrome
. Mais il faut savoir qu’il y a
autant de neurones dans le tube digestif que dans le cerveau.
Tous ces facteurs se chevauchent
: le stress altère
également la tolérance au glucose (dont l’utilisation
requiert suffisamment de magnésium), le système
cardio-vasculaire, le sommeil (qui est la période privi
-
légiée de la réparation des synapses et neurones), etc.
Le stress doit donc être sérieusement considéré
comme un facteur de risque à part entière des mala
dies neurodégénératives, au même titre que l’inflam
mation, l’intolérance au glucose et les déséquilibres
alimentaires. Le problème, c’est que le stress est deve
nu un phénomène de société au quotidien, d’où l’im
portance de le prendre en compte le plus tôt possible
dans la gestion de la maladie.
C’est ce que nous verrons dans le prochain numéro
des
Dossiers de Santé & Nutrition
. Nous passerons en
revue les moyens de prévention efficaces, de détec
tion précoce et les traitements envisageables lorsque
la maladie s’est déclarée.
Le cercle vicieux du stress
et de l’anxiété
On a montré, par plusieurs études, que les per
sonnes stressées ou vulnérables au stress subis
saient une accélération du déclin cognitif, une
dégradation des tests de mémorisation et étaient
plus souvent touchées, et plus tôt, par les dé
mences, dont la maladie d’Alzheimer.
Les personnes qui ont subi des stress prolongés
présentent une atrophie de l’hippocampe plus
importante par rapport à d’autres structures céré
brales. L’imagerie cérébrale permet de voir aussi
un rétrécissement de l’hippocampe après un stress
post-traumatique et dans les dépressions sévères.
Et malheureusement, lorsqu’une personne com
mence à se rendre compte qu’elle ne fonctionne
plus comme avant, elle est profondément et in
tensément stressée... ce qui accélère la dégrada
tion. Un phénomène prouvé par les études.
L’équipe de Pietrzak de l’université de Yale,
en colLaboration avec des équipes australiennes
a étu
dié une cohorte de 333 personnes. Elle a mis en
évidence que
les personnes chez qui on détectait
des dépôts amyloïdes et qui étaient très anxieuses
voyaient leurs tests cognitifs décliner nettement
plus rapidement que celles qui avaient les mêmes
dépôts mais qui étaient peu anxieuses.
Ne laissez pas la maladie d'Alzheimer vous condamner
14
www .santenatureinnovation .com
Principales sources et références
Maladie d’Alzheimer et ApoE4 :
https://blog.santelog.com/2012/05/22/maladie-dalzhei
mer-apoe4-le-variant-qui-sattaque-au-systeme-vascu
laire-cerebral-nature/
www.apoe4.info
Rosalind Fallaize et al, APOE
genotype influences insu
lin resistance, apolipoprotein CII and CIII according to
plasma fatty acid profile in the Metabolic Syndrome,
Sci
Rep,
2017, 7 : 6274
Arai Y et al, The Prevalence and Risk Factors of Dementia
in Centenarians,
Brain Nerve,
2017, 69 (7) : 771-780
www.saging.com/articles/quelle-survie-apres-le-dia
-
gnostic-initial-de-maladie-dalzheimer
Larson E et al, Survival after initial diagnosis of Alzheimer
disease
, Ann Intern Med
, 2004, 140 : 501-509
Maladie d’Alzheimer
et inflammation :
Barrientos RM
et al, Neuroinflammation in the normal
aging hippocampus,
Neuroscience,
2015 Mar 12
D M de Oliveira et al, Brain rust : recent discoveries on
the role of oxidative stress in neurodegenerative diseases,
Nutr Neurosci,
2012 ,15 (3) : 94-102
Wang X et al, Selective neuronal vulnerability to oxida
-
tive stress in the brain,
Front Ag Neurosci
, 2010, 2 : 12
Power Foods for the Brain
| Neal Barnard | TEDxBismarck :
www.youtube.com/watch?v=v_ONFix_e4k
Susan J Torres et al, Dietary Patterns Are Associated with
Cognition among Older People with Mild Cognitive Im
-
pairment,
Nutrients
,
2012, 4 (11) : 1542–1551
Perrone L et al, Observational and ecological studies of
dietary advanced glycation end products in national diets
and
Alzheimer’s
disease
incidence
and prevalence,
J Alzhei
-
mers Dis
, 2015, 45 (3) : 965-79
WB Grant. Dietary links to Alzheimer’s disease : 1999
Update.
J Alzheimers Dis,
1999, 1 (4) :197 – 201.
WB Grant, Trends in diet and Alzheimer’s disease during
the nutrition transition in Japan and developing countries,
J Alzheimers Dis
, 2014, 38 (3) : 611 – 620.
WB Grant, Dietary links to Alzheimer’s disease,
Alz Dis
Rev
, 1997, 2 : 42 – 55.
L White et al, Prevalence of dementia in older Japanese-
American men in Hawaii : The Honolulu-Asia aging stu
-
dy, JAMA, 1996, 276 (12) : 955 – 960.
H C Hendrie et al, Incidence of dementia and Alzheimer
disease in 2 communities : Yoruba residing in Ibadan,
Nigeria, and African Americans residing in Indianapolis,
Indiana.
JAMA
, 2001, 285 (6) : 739 – 747.
C P Ferri et al, Global prevalence of dementia : a Delphi
consensus study.
Lancet,
2006, 366 (9503) : 2112 – 2117.
K Y Chan et al, Epidemiology of Alzheimer’s disease and
other forms of dementia in China, 1990-2010 : a syste
-
matic review and analysis,
Lancet,
2013, 381(9882) : 2016
– 2023.
R P Clarke, Incidence of dementia and Alzheimer disease
in Nigeria and the United States,
JAMA,
2001, 285 (19) :
2448 – 2449.
M A Smith et al, Diet and oxidative stress
: a novel synthe
-
sis of epidemiological data on Alzheimer’s disease,
J Alzhei
-
mers Dis,
1999, 1(4 - 5) : 203 – 206.
Giem P et al,The incidence of dementia and intake of ani
-
mal products : preliminary findings from the Adventist
Health Study.
Neuroepidemiology,
1993,12 (1) : 28-36.
Retrouvez l'intégralité des références scientifiques de ce dossier à l'adresse suivante
:
https://sni.media/1Tve